vendredi 28 mai 2010

Vingtième balade

Dimanche dernier, il faisait carrément trop chaud pour marcher ou courir derrière une balle alors nous avons fait un pique-nique.
Marcella nous a préparé des petits sandwiches jambon/cheddar/confiture d’oignon qu’elle a soigneusement coupé en triangle après en avoir retiré la croûte. Ruby a le bec fin et a demandé une salade de fruits exotiques (mangue/kiwi/fruit de la passion) accompagnée de spéculoos pour le dessert.
Ruby et moi, panier repas dans une main et laisse dans l’autre, sommes donc descendues joyeusement vers le parc. J’ai installé une petite couverture à carreaux orangés sur un coin d’herbe, disposé nos victuailles et détaché Ruby. Je sais que tant qu’il y a de la bouffe, elle n’ira pas loin ! De plus, j’ai choisi un endroit près de buissons fleuris qui lui bouchent la vue sur d’autres chiens ou sur d’éventuelles proies : pigeons, écureuils ou autres.
Tout se passe bien, je contrôle la situation. Nous dégustons les sandwiches qui s’avèrent très bons, j’étais un peu sceptique sur le mélange au départ. Je me détends pendant que Ruby me raconte le dénouement de l’émission « A prendre ou à laisser » de hier soir. La pauvre dame est repartie avec une cuillère en bois ! Pas de bol, quoi ! Le moment de la salade et des biscuits arrive. Ruby a les yeux qui brillent lorsque j’ouvre le Tupperware et lui tend une petite fourchette.
Bah oui, un chien qui parle et qui regarde la télé, ça mange avec une fourchette ! Et même qu’elle met une serviette autour de son cou pour éviter de se salir. Si vous croyez que c’est facile de tenir une fourchette dans une patte de chien, la réponse est non !
Je m’égare. Tout se passe bien, c’est le moment du dessert. Je n’ai pas fait des études de maths, du coup, des fois, la logique et moi, on est pas les meilleures amies du monde. Par exemple : fruits sucrés+buissons en fleurs = ??? Bah oui, égal Noémie a de la flotte dans la tête et n’a pas pensé au facteur guêpe ! Le facteur lui ne nous a pas loupées. Une première guêpe est arrivée gentiment, a fait un tour d’horizon, pris note du potentiel et est repartie en trombe prévenir ses copines. Très vite, c’est une dizaine, une vingtaine, une trentaine de guêpes qui nous tournent autour.
Pendant que je joue à les frapper comme des balles de tennis avec le couvercle de mon Tupperware, Ruby essaye de les gober. Sa machoire claque sans succès. En fait, nous nous sommes vite rendues compte que rien n’y ferait et quand j’ai senti une aiguille dans mon derrière nous avons décampé d’un bond ! J’ai juste eu le temps d’attraper mon sac et ma couverture mais j’ai abandonné les fruits sans hésitation. Ruby aussi s’est faite piquée et a fait une "petite" réaction. Dix minutes plus tard, on aurait dit le chien de Hulk !
Oupss, c’était pas encore l’idée du siècle ce pique-nique !

mardi 25 mai 2010

Dix-neuvième balade

Les beaux jours sont de retour, nous rallongeons les promenades. Ruby gambade légèrement dans le parc et renifle bourgeons et fleurs dans les buissons. Elle se roule dans l’herbe fraîche, ce qui est mieux que dans la boue ou dans la merde !
Pas sûr que j’ai raconté cette anecdote…bon c’est un peu dégueu mais ça s’impose… donc cet hiver, pendant la semaine où il a neigé énormément, j’ai quand même sorti Ruby (parce que c’est important de lui faire prendre l’air même s’il fait froid dehors), je l’ai laissé enfoncer son museau noir dans la neige et elle avait l’air d’aimer ça, je dois avouer que je ne faisais pas hyper attention et que j’étais plus absorbée par mes doigts qui tournaient au violet… bref, Ruby a senti un truc dans la neige, a gratté un peu, découvert un énorme paquet de m… et s’est roulé dedans allègrement. Une odeur infecte m’est vite remontée aux narines mais c’était trop tard, elle en était recouverte, de la tête à la queue. J’ai hurlé, pincé mon nez et on est rentré chez elle au plus vite. J’en ai encore des haut-le-cœur et Ruby a traîné une vieille odeur pendant au moins une semaine bien que Marcella l’arrosait de parfum Chanel tous les matins.
Bref, les mésaventures de l’hiver ont été remisées et nous sommes passés aux roulades dans les tapis de jonquilles.

jeudi 15 avril 2010

Dix-huitième balade

Pour son anniversaire, j’avais offert à Ruby un magnifique lot de balles rouges. Trois pour être précise. Ruby adore jouer à la balle mais avec sa mâchoire puissante, elle a tendance à les éclater assez vite. Ces balles là sont fabriquées grâce à une technologie supérieure, en caoutchouc hautement résistant, probablement mise au point au Japon. J’imagine assez bien le labo des « chercheurs en technologie de balles super solides pour chiens à grande gueule ». Il y a vraiment des métiers à la con !
(Pardon aux chercheurs japonais pour ce jugement hâtif, je leur suis bien évidemment reconnaissante pour avoir inventé ce plastique résistant dans la bouche de Ruby (qui soit dit en passant en à une de grande gueule, au propre comme au figuré)).
Je disais donc que Ruby adore jouer à la balle. C’est aussi un bon moyen pour Marcella et moi de la crever. Une promenade c’est bien gentillet mais c’est souvent insuffisant pour la faire dormir toute l’après-midi. Moi dans le fond, ça m’est égal qu’elle reste éveillée vu qu’après la balade je rentre chez moi mais Marcella, ça la fatigue quand Ruby parle et commente la télé jusqu’au soir.
Du coup, on joue au moins trente minutes chaque jour. Ruby, malgré son intelligence, n’a pourtant pas bien compris le principe de base du jeu de balle : je lance une balle, elle va la chercher et me la ramène et je la relance. Non, au lieu de ça, elle a défini de nouvelles règles à ce jeu : je lance une balle, elle va la chercher et la prend dans sa gueule, je lance une deuxième balle, elle va la chercher et la prend également dans sa gueule, puis je lance une troisième balle, qu’elle va chercher mais qu’elle ne peut pas prendre dans sa gueule vu qu’elle est déjà pleine et me ramène cette troisième balle en la faisant rouler ou en la poussant du bout du museau pour que je la relance. Après qu'elle me l'ait ramenée tant bien que mal, elle me fixe avec sa drôle de tronche d'où dépasse deux grosses balles rouges jusqu'à ce que je lance la troisième balle encore une fois.
Est-ce que ça fait une grande différence ?
A part, les gens qui se foutent d'elle en passant (mais ça on a l’habitude), ça me fait juste trois fois plus de balles dégueu et pleines de bave à ramasser à la fin du jeu… et vraiment elle a l'air con, faut le voir pour le croire...

lundi 5 avril 2010

L’anniversaire de Ruby

Pas de balade, aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Ruby. Nous fêtons ses deux ans. Marcella m’a conviée à une tasse de thé accompagnée de cupcakes faites maison très en vogue. Ruby porte un chapeau pointu en carton dont l’élastique enserre sa gueule triangulaire. Je n’ose le dire mais je pense très fort que c’est ridicule et encore plus quand Marcelle m’en glisse un autour du visage.
Alors que je m’attends à ce que Ruby soit d’humeur râleuse, elle me reçoit pleine de joie. Etonnant. Elle qui trouve toujours matière à être désagréable lorsqu’une situation est heureuse, me surprend. C’est peut-être du à la maturité…
Elle a deux ans en âge chien, ce qui en âge humain correspond à 14 ans. Pas vraiment l’âge de la sagesse, il me semble… mais bien l’âge con auquel elle a fait honneur jusqu’à hier, moins les boutons et la peau grasse bien sûr. En fait, un véto m’a expliqué que c’est plus compliqué que ça de faire correspondre âge chien et âge humain, si on peut, en effet, multiplier par sept les premières années, il faut ralentir ce procédé par la suite car un chien de 10 ans ne peut pas être considéré comme un homme de 70. La taille et la race entre aussi en ligne de compte comme en témoignait ce magnifique poster A3 qui ornait la salle d’attente.
En même temps que mes pensées voguent vers le souvenir du véto commentant fièrement son graphique et que j’avale une première bouchée sucrée, très sucrée, de gâteau rose, la vérité sur Ruby me frappe. Mon regard se jette sur elle et je constate que j’ai visé juste. Ruby se goinfre de biscuits, chocolateries et autres pour son plus grand plaisir. Pendant que Marcella part remplir une autre théière, je jette à la chienne un coup d’œil amusé. Le sucre n’a pas ramolli sa cervelle. Elle comprend immédiatement ce que vaut mon air rieur et se transforme aussitôt en cette mauvaise bête que je connais bien maintenant. « Qu’est ce que t’as à te payer ma tête ? T’as jamais vu un chien fêter son anniversaire ? Oh oui, oh oui… je sais ce que tu penses ! Comment se fait-il que la vilaine Ruby ait l’air content aujourd’hui ? Hein ? Et bien, c’est comme ça, c’est mon anniversaire, on me gave de sucreries, ça fait passer la pilule, je suis tranquille et Marcella est ravie… Je peux bien lui faire plaisir de temps en temps, non ? Y a pas de mal à ça !... Ah c’est pas vrai ça, on peut même pas être tranquille deux minutes dans cette baraque, je suis là, tranquille, je ne demande rien à personne, je bouffe mes gâteaux… tranquille… et hop ! Faut qu’on vienne me faire chier encore ! » Ruby continue à marmonner et elle est de moins en moins audible.
Et merde ! J’aurais mieux fait de la boucler, quoique techniquement je n’aie rien dit… Ok j’arrête, c’est de ma faute, j’aurais du apprécier la bonne ambiance mais au lieu de ça j’ai tout gâché.
Note à moi-même : changer le nom du blog par Noémie est une idiote, ce sera plus approprié. Bon maintenant je n’ai plus qu’à espérer que mon cadeau la calme un peu.

lundi 15 mars 2010

Dix-septième balade

Non, je ne suis pas faible… j’ai juste bon cœur.

Quand on rentre chez Diana, la maîtresse de Sparky, ça sent la pisse. Elle ne le sort jamais, elle-même ne sort jamais de chez elle. Apparemment, elle est dépressive. C'est Marcella qui m'a dit ça. Elle est toujours en peignoir, même pas peignée. C'est un indice.

Après, il ne faut pas s’étonner du comportement de son chien. Un chien, il faut s’en occuper et surtout le sortir. Sparky, il fait ses besoins sur du papier journal que Diana dispose sur le balcon. Comme un hamster. Donc, oui, j’ai eu pitié et je suis retournée le promener. Ce fut le même cauchemar. Pipi, aboiement, levée de patte sur facteur, re-aboiement. Ce chien est une cause perdue. Le pire, c’est quand j’avais la tête tournée (je surveillais l’arrivée d’une poussette avec gamin bruyant) et qu’il en a profité pour chier sur ma botte.

Aaaaaaaaaaaarrrrrrrgggggggh !

Je hais Sparky mais j’ai pitié de lui. J’irai encore le promener, je suppose... avec des bottes en plastique.

vendredi 12 mars 2010

Seizième balade

Diana m’a suppliée de promener Sparky aujourd’hui. Je n'étais pas vraiment d’accord mais comme je ne sais pas dire non et bien... j’ai dit oui. Mais je l’ai prévenue, je le promène à la seule condition qu’il se comporte comme un bon chien et surtout sans Ruby. Je n’ai pas envie d’avoir un chien mort sur la conscience.

Quand je suis allée le récupérer, il a commencé par astiquer ma jambe. Ah la politesse canine! J’aime les chiens mais quand il vous astique la jambe, c’est difficile de garder son calme et de continuer à sourire à son maître. « Oh, on dirait qu’il est content de me voir ! » dit-on avec un rire jaune alors qu’on pense, les dents serrées, « Putain de saloperie, arrête où je te vais te faire valdinguer à travers la pièce ! ». Bref, avec Sparky, ça commençait mal.

Pendant la balade, il a été insupportable, à sauter partout, à aboyer sur les passants et à lever la patte pour faire trois gouttes toutes les trente secondes. Il a baptisé chaque poteau, chaque arbre, chaque roue de voiture. J’essayais de m’arrêter le moins possible pour ne pas lui en donner l’occasion mais rien à faire, ce clébard pisse en marchant. Il a même réussi à viser le bas de pantalon du facteur ainsi que deux landeaux. La honte ! Il a essayé de sauter sur pratiquement tous les passants et a hurlé après tous les deux roues, vélos, scooters et motos confondus. Un vrai cauchemar.

Au bout de vingt minutes, vu que son comportement ne faisait qu’empirer, je l’ai ramené à Diana et je lui ai dit que plus jamais je ne le promènerai. Je n'ai pas manqué de lui souhaiter bonne chance d'ailleurs! Elle va en avoir besoin!

vendredi 5 mars 2010

Quinzième balade

L'avantage de se promener avec un chien qui parle, c'est qu'on peut partager une conversation. Enfin, avec Ruby, on peut discuter si elle n'est pas de mauvais poil, évidemment. Des fois, on peut même avoir des conversations très intéressantes. Ruby lit beaucoup, le journal mais aussi des trucs sur internet. Elle n'en a pas l'air comme ça mais elle n'est pas si bête!

(Note pour moi-même: je devrais peut être modérer mes blogs car si ça se trouve Ruby me lit...)

L'autre jour, elle m'explique qu'elle aimerait bien voyager:
"Moi, ça me dirait bien de voyager, d'aller au soleil, à la plage, dans des grands hôtels et tout et tout, tu voyages beaucoup, toi?
- Oui et non, pas assez à mon goût mais j'ai déjà vu quelques endroits sympas comme les Etats-Unis ou le Japon.
- Le Japon, ça, ça doit être exotique!
- Oui, c'est sûr, c'est dépaysant mais si tu vas à Tokyo, il n'y a pas de plage.
- Si j'avais pu, j'aurais choisi une famille dans un endroit plus chaud qu'ici, genre sud de l'Espagne ou de l'Italie ou en Californie, là-bas, les chiens sont plus dehors, ils font du surf et du skateboard, tu vois?
- Oui, oui je vois bien, moi aussi si j'avais pu choisir..."
Ruby me coupe la parole:
"Je t'arrête tout de suite, toi, tu ne pouvais pas choisir ton lieu de naissance, ni ta famille mais maintenant tu es libre de tes décisions et tu es maître de tes allées et venues. Ce n'est pas pareil. Moi, en tant que chien, je suis coincé. Même si Marcella voulait voyager avec moi, je ne suis pas sûre que ça me rendrait heureuse... Voyager en soute comme une valise, merci!
- Oui, je sais bien, ce n'est pas drôle, d'autant que les chats, eux, peuvent voyager dans des petits sacs en tant que bagage à main.
- Et voilà, encore un traitement de faveur pour ses saloperies allergènes. Tu comprends maintenant pourquoi les chiens détestent les chats, ce sont des créatures vicieuses et qui arrivent toujours à leur but. Quelle bande d'hypocrites!"

Un conseil: quand la conversation dérape, il faut savoir s'arrêter et lâcher le fauve pour qu'il exprime sa colère par de l'exercice physique.

mercredi 24 février 2010

Quatorzième balade

Il pleut des cordes pour changer. Marcella a mis un espèce de petit ciré jaune sur le dos de Ruby. Quand j'ai vu ça, mes yeux ont bondi de mes orbites. On a l'habitude de voir des vêtements ridicules sur le dos des caniches et autres chihuahuas mais pas sur un staffie! Bon c'est vrai que Ruby, la pluie, elle aime pas plus que ça mais je crois que l'imper elle aime encore moins...
On était à peine sorti de chez elle qu'elle s'est mise à gueuler des gros mots et à se tordre dans tous les sens pour choper un bout de tissu jaune. Quand elle l'a eu en bouche, elle l'a arraché puis déchiqueté. Pendant ce temps, je la regardais médusée. Une fois, sa colère passée, on a pu se promener. J'ai pris soin de ramasser le reste de manteau. J'ai hésité à le ramener et à dire qu'on s'était fait attaqué par un ours en passant dans le parc mais je pense que ça aurait été un peu dur à avaler comme histoire. Du coup, j'ai préféré jeter le tout dans une poubelle et dire que Ruby a "égaré" son vêtement dans le parc lorsque je l'ai lâché. Marcella a semblé contrariée quand on est rentré avant de m'annoncer fièrement s'être mise à tricoter un pull pour sa chienne... Aïe!

vendredi 19 février 2010

Treizième balade

Sparky, le petit bâtard de la voisine de palier de Marcella, est venu jouer avec nous à la balle dans le parc. Bon, on l'avait pas vraiment invité. Diana, sa maîtresse, est dépressive et a pris son air de chien battu pour nous l'imposer. Ruby était plutôt contente au départ mais elle a vite déchantée, moi aussi d'ailleurs.
Jouer à la balle avec un chien est un jeu simple qui consiste à lancer un balle que le chien va chercher et nous ramène pour qu'on la relance encore et encore jusqu'à épuisement de la bête. Fastoche, enfin pas pour tout le monde apparement. Sparky n'a malheureusement pas été éduqué. Il fait parti de ses chiens qui font tout et n'importe quoi à l'image de leurs maîtres. Bref, impossible de l'intéresser à la balle. Ruby a bien essayé de lui montrer comment jouer en l'entraînant dans des courses folles mais rien à faire, Sparky ne voulait qu'une chose: sentir son derrière.
D'ordinaire, Ruby observe cette règle sans problême. Lorsqu'elle recontre un congénère, elle lui sent le derrière et il fait de même, c'est la politesse canine. Mais à ce niveau là, on peut dire que Sparky est trop poli pour être honnête et que le reniflement tourne à l'obsession chez lui. Encore une preuve que ce chien n'est pas élevé comme il faut. Le souci c'est qu'en plus d'une maîtresse déglinguée, Sparky est croisé caniche et cela n'aide pas. Dieu sait comme les caniches sont stupides! Ruby, elle, est un molosse à la mâchoire puissante. Sparky ne se rend vraiment pas compte de ce qu'il risque à insister comme ça. Du coup, quand il a commencé à essayer de lui grimper dessus, j'ai dû arrêter le jeu et les ramener chez eux. Ruby était furax qu'il essaye de la monter alors que ce débile de Sparky n'a rien pigé!
Même chez les chiens, les individus ne sont pas égaux.

mardi 9 février 2010

Douzième balade

Ruby m'a fait une crise digne d’un enfant de trois ans. En passant dans une rue commerçante quand elle s’est plantée devant une pâtisserie. Des tartelettes aux fruits rouges brillaient tout prês des éclairs multicolores. On pouvait sentir la bonne odeur des pains au chocolat depuis le trottoir et entendre la sonnette à chaque passage de clients tout sourire. Ruby s’est assise devant la boutique.

« Allez, Ruby, on avance ! » Pas de réponse… « Allez Ruby ! » Toujours aucune réaction. Ruby a le nez collé à la vitrine maintenant et se pourlèche les babines. Je pensais que les chiens étaient attirés par de belles côtes de bœuf ou des chapelets de saucisses, pas par des choux à la crème et des fraisiers. On en apprend tous les jours !

« Allez Ruby ! » Pas moyen de la faire bouger. Elle doit avoir faim. Je lui propose de rentrer et de lui servir une grosse ration de croquettes. Elle m’ignore comme hypnotisée par les petits gâteaux colorés.

« Ruby ? Ruby ? Tu veux manger une pâtisserie ?

- Si tu le proposes!

- Vraiment? Tu aimes les sucreries?

- Bah oui, tout le monde aime ça!

- Oui d'accord, tous les humains aiment ça mais pas tous les chiens, en plus c'est pas bon pour votre santé, le sucre... le chocolat, c'est carrément un poison pour les chiens! J'ai vu ça à la télé, tu sais.

- Ah oui? Parce que le sucre et le chocolat c'est bon pour la santé des humains peut-être? C'est bon pour votre surpoids? Et pour votre diabète?

- Heu... Non, c'est sûr, fais-je dépitée

- Moi, tu sais, j'ai lu récemment sur internet que trop de sucre augmente le risque de cancer chez l'homme.

- Oui, j'ai vu ça aussi, dis-je tout bas et toujours aussi dépitée.

- Et pourtant tu continues à bouffer du chocolat, non?

- ...

- Bah voilà, tu en manges parce que c'est bon! Et bien, moi aussi, c'est pareil et même si je ne suis qu'un clebs et bien j'ai des goûts et je n'ai pas toujours envie d'être raisonnable... Bon tu m'achètes un éclair ou je continue et je me roule par terre jusqu'à ce que tu craques? »

Je reste silencieuse. Elle m’a encore bien clouée le bec, cette sale bête.


«Chocolat ou café ? »


jeudi 4 février 2010

Onzième balade

Hier, je n'ai pas fait plus attention que ça à l'ambulance postée devant le 17 Lexton Gardens. J'ai déjà vu les gens qui habitent dans cette maison, ce sont des vieux qui marchent très lentement. Il n'y a que des vieux dans cette ruelle de toutes façons.
Aujourd'hui, j'ai fait assez vite le rapprochement entre les deux longs corbillards fleuris ainsi que le cortège de voitures et l'ambulance d'hier. En arrivant chez Ruby, je lui en ai parlé. Ça ne m'a pas bouleversée, je ne les connaissais pas mais ça fait toujours drôle de penser que des personnes n'existent plus, en clin d'oeil. Le couple de vieux marche lentement et hop le couple de vieux n'existe plus. Ruby m'a dit qu'elle avait senti l'odeur de mort quand on était passé à côté de l'ambulance. Merci Ruby, je me passerais bien de ce genre de détails...
Malgré cet incident de quartier, nous nous sommes promenées dans les petites rues, entre les petites maisons de ces autres petits couples de vieux qui marchent lentement vers leur dernier souffle. Cette balade fut donc un peu morbide... Enfin plus pour moi que pour Ruby. J'ai toujours eu des difficultés à me sortir des idées noires de la caboche. Ruby, elle, a reniflé l'herbe, a pissé sur le trottoir, a grogné sur un chat, puis sur un passant, puis sur un cycliste. Rien de plus normal, quoi!
Après avoir ramené Ruby chez elle, sur le chemin du retour, j'ai vu une autre ambulance. Elle était garée au 28 Kirkstall Road. Je croise les doigts pour ne pas voir de corbillard demain!

mercredi 27 janvier 2010

Dixième balade

Ruby tire comme une folle sur sa laisse aujourd’hui. « Tiens un chien qui rampe » a dit un jeune garçon qui passait par là. Pfff, c’est vrai qu’elle donne cette impression.

« Voilà Ruby, bravo, un chien qui rampe, tu es contente ? Un chien qui rampe, voilà de quoi tu as l’air…
- Oui oh... Laisse les gens dire ce qu’ils veulent!
- Vraiment ? Ca ne te fait rien ? Tu n’as pas honte ?
- Non je n'ai pas honte et je m'en fiche même pas mal en fait ! Si tu crois qu'il a l’air plus fin , lui, avec son jean qui lui descend à mi-fesses ! On voit son caleçon!
- C’est pas la question, ce n'est pas mon problème si lui n'a pas d’allure, c’est pas lui que je promène. Redresse toi un peu et arrête de tirer comme ça, veux-tu! Tu es pressée d’aller quelque part ou quoi?
- Non, non c’est pas ça…

- C’est quoi alors ?

- Rien, rien.

- Bah si... dis-moi ou on rentre
!

- Tu es d'une humeur de chien, toi aujourd'hui. J’ai besoin de me dépenser c’est tout… et toi , tu es lente...

- Aaah… fallait le dire…
- Voilà, c'est dit, je peux tirer maintenant?"
On accélère. Elle a encore eu le dernier mot et on fait ce qu'elle veut une fois de plus. Quelle bourrique! Moi, d'une humeur de chien? Alors là, laissez moi rire! Pfff...

mardi 26 janvier 2010

Neuvième balade

Ruby a encore attaqué puis avalé un écureuil. C’est vraiment dégueu. Elle en a foutu partout cette fois même sur son poitrail blanc. Ruby is red.

jeudi 21 janvier 2010

Huitième balade

Il paraît que les chiens détestent les facteurs. Je ne sais pas si c'est vrai mais il semblerait que les facteurs, eux, adorent les chiens. En tout cas, le facteur de mon quartier à l'air de les adorer. On l'a croisé quatre fois aujourd'hui! La première fois, j'allais chercher Ruby. Le facteur m'a salué d'un " Bonjour! Comment ça va?". J'ai répondu par un sourire. Il y a comme ça des corps de métier avec lesquels on se doit d'être poli, le facteur en fait parti alors que de nos jours, il fait juste son boulot et rien de plus. L'autre jour, j'ai vu dans le journal qu'un facteur n'avait pas distribué le courrier pendant six ans! Pendant tout ce temps, il entassait des sacs de courrier et des colis dans la maison de sa mère! Donc je ne pense pas que l'on doive plus de respect à un mec comme ça qu'à la caissière de la superette qui scanne des plaquettes de beurre à longueur de journée. Enfin c'est la coutume, on dit "Bonjour Monsieur" au facteur, on dit "Bonjour Messieurs, Dames" quand on rentre dans la salle d'attente du médecin et on répond aux questions même indiscrètes des coiffeuses.
Revenons à mon facteur. Je le croise à nouveau en descendant la rue avec Ruby. Il me refait le même signe de tête avec un "Bonjour! Comment ça va?" identique et rajoute un "Oh le gentil toutou" sur un ton un peu gâteux qui n'a plu ni à moi ni à Ruby. Je lui ai répondu par un sourire forcé. La queue de Ruby a remué légèrement, c'est un réflexe de chien à la con. Du coup, il a dû croire qu'elle était contente et il a continué sa route en sifflotant ce qui agace Ruby. Elle s'est mise à grogner "Putain, putain, putain". On ne le sait pas assez mais les chiens ont une ouïe très sensible et n'apprécie pas vraiment les sifflements.
La troisième fois que l'on a croisé le facteur, même cirque: "Bonjour! Comment ça va? Il est beau le toutou" avec sifflotement. Là, j'ai commencé à me poser des questions, pour la troisième fois en moins d'une heure, le facteur me dit bonjour et me demande comment ça va, sur le même ton. Il est con ou c'est un automate? Bon qu'il ne me reconnaisse pas la deuxième fois, je veux bien mais la troisième fois quand même!
La quatrième fois, rebelote et là je me suis rappelée: à quartier de tarés, facteur cinglé, c'est obligé! Pas vrai Ruby?

mercredi 20 janvier 2010

Septième balade

Encore une promenade sous la pluie… Je n’aime vraiment pas la pluie. Ca mouille, je sais ce n’est pas une révélation. Ca frisotte ma crinière et, au bout d’une heure de marche, ça me glace le sang. Je rentre toujours frigorifiée et je me jette sur ma soupe bien chaude. Ruby, non plus, n’aime pas la pluie. Ca mouille son pelage couleur renard, ça lui salit les pattes et ça lui refroidit les coussinets. Quand elle rentre, elle se blottit sur sa couverture pour se réchauffer.
La pluie nous met d’assez mauvaise humeur en fait. Les voitures qui ne s’arrêtent pas au passage pour piétons m’agacent encore plus que d’habitude et je ne vous parle même pas de celles qui accélèrent dans les flaques d’eau. Ruby a failli se noyer plus d’une fois et moi je rentre avec des jambes de pantalon qui font trois kilos de plus. Ruby, elle, n’y va pas de main morte quand il s’agit d’insulter les chauffards. C’est assez drôle d’entrendre un chien lancer des noms d’oiseaux à des humains. C’est coloré disons mais un peu gênant quand il y a des passants. Enfin, entre nous, il n’y a pas grand monde dehors par ce temps de chien et je crois qu'on va écourter cette balade et rentrer plus tôt que prévu.

mardi 19 janvier 2010

Sixième balade

Je n'ai pas dit bonjour à Ruby en arrivant chez elle. Je ne l'ai pas caressée non plus. Je suis toujours fâchée après elle au sujet de l'écureuil. Ca passera mais pour l'instant, je suis fâchée. Ruby a tout de suite remarqué que ça ne va pas. Comme elle sait très bien pourquoi, elle ne parle pas non plus. Elle ne tire pas sur la laisse, elle ne renifle pas les poteaux et elle ne tente pas de sauter sur les gens. De temps en temps, elle me jette un regard un peu inquiet mais je fixe la route sans lui répondre.
Notre balade silencieuse est un peu pesante mais il faut bien que je marque le coup. Au retour, elle a ouvert sa gueule mais aucun son n'en est sorti. Elle allait dire quelque chose mais elle s'est ravisée. Sur le pas de sa porte, je lui ai dit "Demain, ça ira mieux" puis j'ai tourné les talons. Je ne sais pas faire la tête bien longtemps. Demain, ça ira mieux avec Ruby.

lundi 18 janvier 2010

Cinquième balade

Ca ne s'est pas très bien passé aujourd'hui. Je n'ose pas trop raconter cet épisode malheureux mais si vous insistez... ben voilà, Ruby a attaqué un écureuil. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais en gros, Ruby et moi sommes passés à côté d'un jardin et on y a aperçu un écureuil en plein enterrage de gland. La scène était charmante. Ruby le fixait sans bouger, elle était sage jusqu'à ce que sans prévenir, elle bondisse sur l'animal. Elle est partie comme une folle et j'ai lâché la laisse. Je n'ai rien pu faire, elle est beaucoup plus rapide et plus forte que moi. Le petit animal a également été pris de surprise et n'a pas eu le temps de s'enfuir. Le pauvre, il a valsé dans les airs avant de retomber dans la gueule de Ruby.
Pour sa défense, elle m'a expliqué après qu'un écureuil est en fait un animal très con. C'est vrai, nous on se dit "Oh le mignon petit écureuil" mais Ruby, en tant que chienne, a un autre regard et une autre tolérance vis-à-vis des rongeurs (et des chats aussi d'ailleurs). Elle, elle ne voit qu'un petit animal idiot qui passe son temps à enterrer des graines en oubliant immédiatement où.
Enfin, en attendant, celui-là il ne risque plus d'en enterrer beaucoup des glands... le pauvre il a bien craqué sous la dent de Ruby...

vendredi 15 janvier 2010

Quatrième balade

Aujourd'hui, on a croisé un vieux. Il marchait bizarrement, comme si ses genoux étaient mous. Ses jambes ressemblaient à des accordéons en jeans. Il portait de grosses lunettes qui lui tombaient bas sur les joues et avait de grosses lèvres adipeuses et violacées. Il a remarqué Ruby de loin et elle aussi l'a vu venir. Elle m'a jeté un oeil puis m'a dit:
" Encore un taré du quartier, le regarde surtout pas sinon il va s'arrêter et taper la causette... putain, il y a vraiment trop de tarés dans ce coin..."
Quand il s'est rapproché, j'ai fait comme elle a dit, j'ai évité de le regarder et je lui ai même tourné le dos. Ruby aussi regardait de l'autre côté quand il nous a interpellé. "Putain" a lâché Ruby en se retournant. Le vieux était penché vers elle, les mains claquant ses cuisses de manière répétitive. Il ne devait pas avoir de dents parce que je n'ai strictement rien compris à ce qu'il disait, à moins qu'il ne parlait en langage chien. Ruby a pris sa moue blasée et m'a fait signe de continuer à avancer. J'ai pris un air désolé et j'ai haussé les épaules en le regardant, ce pauvre vioc. Bah ouais, c'est Ruby qui décide et c'est pas ma faute à moi si elle veut pas jouer avec toi!
Je n'ai pas osé me retourner après, je suis sûre qu'il est resté planté un moment à nous regarder nous éloigner. Quand on est revenu du parc, on l'a encore croisé. Je me suis dit:
"Il n'y a pas cinquante solutions:
A. Il habite à côté et il nous guettait.
B. Il est taré et il fait des aller-retours dans la rue toute la journée.
C. Il est vraiment bien, bien atteint et faut pas chercher à comprendre."
Il nous a refait son cirque pour attirer l'attention de Ruby qui l'a encore magnifiquement ignoré. Au fond, il m'a fait un peu pitié.

jeudi 14 janvier 2010

Troisième balade

Ruby renifle tout. Elle renifle les pavés, les racines d'arbres, les brins d'herbes, les poteaux électriques, tout je vous dis. Elle ne peut pas s'en empêcher et je trouve ça un peu bizarre. On s'attend à ce qu'une chienne qui parle se comporte différemment. Mais non, Ruby renifle constamment et obsessionnellement comme les autres chiens. En plus, elle est têtue, elle n'avance pas tant qu'elle n'a pas fini de renifler. Il faut que je lui demande pourquoi elle agit ainsi.
"Ruby, pourquoi renifles tu tout ce qui te passe sous la truffe?"
Pas de réponse.
"Ruby? Pourquoi renifles tu autant?"
Toujours pas de réponse, elle m'ignore, je le vois bien. Pendant un instant, j'hésite à reposer la question de peur de l'irriter.
"Ruby, tu as entendu ma question?
- Oui, mais qu'est ce que tu veux que je te réponde?
- Heu... je ne sais pas...
- Bah oui, je renifle... c'est comme ça quand on est un chien... si tu veux savoir ça ne me fait pas marrer que ma truffe s'écrase sur le sol et renifle les ordures, les odeurs de pisse et la merde des autres clebs! Je me rends bien compte que c'est dégueu mais je n'y peux rien, il faut que je le fasse..."
Je suis un peu confuse.
" Je comprends, c'est comme une sorte de réflexe.
- Oui, soupire-t-elle, c'est bon? Tu as fini avec tes questions à la con? On peut avancer?"
Je ne peux guère la blâmer, c'est vrai que c'était une question à la con.

mercredi 13 janvier 2010

Deuxième balade

"Quelle vie de chien..." marmonne Ruby. Je ne suis pas sûre d'avoir bien compris. "Quelle vie de chien!" réaffirme-t-elle. Je ne veux pas la vexer mais il est bien évident qu'elle a une vie de chien et je ne comprends pas bien ce qu'elle veut dire... enfin... Ruby est souvent grognonne au début de la promenade et plus sereine quand elle est exténuée. J'aimerais ignorer sa remarque mais elle me trotte dans la tête. Qu'est-ce qu'une vie de chien pour Ruby?
Ruby se lève le matin en remuant la queue puis elle fait des joies à sa maîtresse Marcella. Elle est nourrie aux croquettes riches en vitamines. Elle a le droit de monter sur le canapé en faux cuir vert bouteille et d'en détruire les accoudoirs. Elle fait de longues balades le midi avec moi. Je ne veux vraiment pas la vexer mais de mon point de vue, il me semble qu'une vie d'humain est plus difficile qu'une vie de chien...
"C'est une expression, patate!" s'écrit-elle. Mince, on dirait que j'ai pensé tout haut encore une fois.

mardi 12 janvier 2010

Première balade


Brrr, il neige. Ruby tire sur la laisse. Je glisse derrière elle.
Elle pourrait presque faire chien de traîneau malgré sa petite taille. Sa robe rousse se teinte de blanc pendant que son râle se mue en fumée. Elle n'a pas peur de s'étrangler et continue l'effort. Je suis sans rien dire. J'ai un peu mal au bras mais au moins je ne sens plus le froid.
"Cette chienne est folle" se disent les passants. Je cours derrière elle maintenant, le souffle haletant. Apparemment, nous allons vers le parc. Je ne décide pas avec Ruby, c'est elle qui me promène. Je dois avouer que parfois je ne suis pas mécontente de me laisser porter et d'oublier ma condition humaine.
Au parc, Ruby m'indique de m'asseoir et de l'attendre gentiment pendant qu'elle courre après un ou deux caniches abricotés. Elle revient avec du poils entre les crocs. Cette chienne peut être bestiale. Je ne suis pas vraiment d'accord avec ça, mais comme je vous l'ai déjà dit: je ne décide rien avec Ruby.